L’Élite chinoise. Ses origines, sa transformation après l’Empire
Après ses livres sur l’évolution, l’attitude de la Chine en face des Puissances, sa place dans la question internationale du Pacifique, M. André Duboscq vient d’en écrire un sur les hommes qui ont fait cette évolution, qui ont donné à la Chine la place qu’elle occupe aujourd’hui et qui ont pour tâche de l’y maintenir, autrement dit sur l’élite de ce pays. Un problème des élites s’est posé à la Chine quand le régime républicain y remplaça le régime impérial. Pour montrer la transformation qui se produisit alors dans les élites, l’auteur dut commencer par dire ce qu’avait été l’ancienne élite. Il en indiqua les origines, qui remontent à celles de la civilisation chinoise ; il fallait, ensuite, dire le rôle qu’elle s’était fixé et, pour cela, rappeler celui du souverain, car l’idéal de l’ancienne élite était de les entremêler et de les confondre. Après quoi les caractères de la transformation ressortaient pour ainsi dire d’eux-mêmes. Il suffisait, une fois précisé l’esprit qui avait présidé à son éclosion, d’observer et de noter les attitudes et les manifestations de l’élite nouvelle, ce que fit l’auteur. Avant de préciser l’éclat actuel de l’élite, M. Duboscq, là encore, a commencé par expliquer comment la révolution de 1911, dont Sun Yat Sen avait été l’animateur, était le véritable point de départ des réformes qui, depuis lors, ont été développées dans le sens des institutions, des méthodes et des théories européennes.
Lorsqu’on a lu son livre, ni trop flatteur, ni trop sévère, mais nettement objectif, on a envie d’en savoir davantage sur cette formidable population chinoise qui, après être restée des siècles jalousement confinée dans sa civilisation, a pris place dans les rouages de l’activité humaine. On sait que son élite est pleine d’élan, sinon de persévérance dans l’effort ; toutefois, elle fournit déjà à la Nation une partie des hommes dont le pays a besoin. Son idéal, à elle, est précisément de faire de la Chine une nation et de ne plus s’entendre dire qu’elle n’est qu’une civilisation. Aussi bien, le patriotisme avec lequel elle s’est mise à la tête du peuple pour défendre le territoire au cours de ces dernières années a montré qu’elle avait atteint son but. Mais, la paix revenue, l’effort ne pourra plus être soutenu par l’espoir d’une victoire. Il demandera d’autres vertus que le courage et le patriotisme du soldat : la patience et la ténacité dans l’organisation du pays. L’élite chinoise aura, pendant un long temps, besoin de l’expérience des autres. L’auteur rappelle les bons rapports que, depuis des siècles et surtout depuis le XVIIe siècle, la France entretient avec la Chine : il souhaite que celle-ci s’en souvienne, comme nous nous en souvenons nous-mêmes.