À nous Auvergne. La vérité sur la résistance en Auvergne (1940-1944)
Le livre de Henry Ingrand Libération de l’Auvergne qui a été analysé dans un numéro précédent de cette revue, était avant tout le témoignage personnel d’un des principaux acteurs de la résistance en Auvergne. Il n’avait pas l’ambition d’évoquer toute la résistance auvergnate, sa naissance, son évolution dans sa grande dispersion, ni la multitude des actions de la libération. En abordant le grand moment de la résistance auvergnate, le Mont Mouchet, Henry Ingrand avait précisé qu’il ne le faisait que succinctement, préférant renvoyer le lecteur à l’étude de Gilles Lévy.
Entreprise depuis fort longtemps par le très jeune acteur des combats du Mont Mouchet, devenu maintenant le colonel Lévy, cette étude s’efforce de préciser la participation de l’Auvergne à l’ensemble de la Résistance française de 1940 à 1944. Si l’on se rappelle que l’Auvergne comprend l’Allier, le Cantal, le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire, on constate qu’elle hébergeait Vichy et son administration d’où une interpénétration des deux France qui ne simplifie pas le problème : siège de la capitale de l’État français et en même temps l’une des régions de Résistance les plus actives et les plus structurées (la R6).
Étude minutieuse qui entend rendre à chacun son dû en tentant d’évoquer la multitude des actions de résistance, le livre de Gilles Lévy et Francus Cordet présente le caractère de toute tentative de reconstitution d’un passé aussi éparpillé : une grande dispersion du récit qui nécessite un effort de concentration du lecteur. L’épisode du Mont Mouchet – cette mobilisation des résistants dans une zone refuge à cheval sur le Cantal et la Haute-Loire, décrétée avant le débarquement – est traité avec beaucoup de conscience. Pourquoi les responsables de la résistance auvergnate ont-ils décidé cette concentration au début de mai 1944 ? Sous quelles influences ? L’exemple est bon à méditer, soulignant la difficulté de la prise de décision dans la clandestinité quand manquent d’importants éléments d’appréciation, quand les différentes organisations de résistance divergent sur la conduite à tenir, quand circulent, avec des missions d’origines diverses, des plans, des promesses d’armement, quand la répression fait rage dans les villes et les campagnes.
Ce livre, qui a déjà eu un grand succès en Auvergne, permet de réfléchir à cet aspect capital de la lutte clandestine. ♦