Libération de la Normandie
Dans la même collection M. Marcel Baudot a déjà publié une Libération de la Bretagne, il traite cette fois de la Normandie. Ses titres historiques et son rôle d’acteur comme responsable militaire de l’Eure confèrent à son ouvrage un caractère particulièrement vivant et bien documenté.
La libération de la Normandie est, à l’exception de celle de la Corse, la première à s’être réalisée après une dure bataille qui dura trois mois. En outre, l’organisation de la Résistance y présente un échantillonnage à peu près complet de toutes les tendances, de tous les mouvements et de tous les réseaux. Pour les détruire, les Allemands et la Milice déployèrent des efforts considérables qui, malheureusement, aboutirent partiellement à la veille du Débarquement.
Le plan suivi permet de bien distinguer ces particularités tout en apportant au profane une bonne vue d’ensemble. Ainsi les deux premiers chapitres permettent d’évaluer le lourd tribut payé par la Normandie à la Libération et de faire le point de la situation, économique notamment, de la province à l’automne 1943. Des chiffres et des tableaux précis permettent d’évaluer le poids des réquisitions allemandes, en main-d’œuvre notamment, qu’elle subit.
Dans les chapitres consacrés à « l’articulation de la Résistance » et aux efforts « vers l’unification », c’est toute l’histoire de la Résistance au plan national qui transparaît. De même la description des opérations militaires alliées dans leurs grandes lignes forme la trame d’un essai d’évaluation de l’aide qui leur fut apportée par la Résistance malgré la faiblesse des moyens disponibles. Un cas typique entre autres, celui du Havre, où l’action conjuguée de l’armée britannique et de la Résistance empêcha les Allemands d’y constituer une poche, est bien mis en valeur.
Enfin, les « problèmes d’après la Libération », la mise en place du Commissaire de la République et des préfets, l’épuration, le rôle et l’extinction progressive des Comités de Libération, les tâches ingrates réservées aux bataillons de jeunes volontaires engagés sont évoqués avec beaucoup de précision et parfois avec amertume.
Voilà un livre objectif et utile qui répond bien au but que se propose la collection dirigée par Henri Michel. ♦