La guerre antique – De Summer à Rome
Considérée ici dans le temps comme les trois derniers millénaires avant notre ère et la première moitié du millénaire suivant, dans l’espace comme les pays de civilisation écrite nés sur les bords de la Méditerranée ou ayant eu des rapports avec elle, l’Antiquité est l’inventrice de la guerre à armées, parallèlement aux expériences contemporaines du monde chinois. « Presque tous les milieux antiques ont été plus ou moins concernés par les invasions, à l’exception du monde grec archaïque et classique » : ceci suffit à préciser l’ampleur du sujet de ce volume.
Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, notamment à l’époque qui conduisit des clans aux cités, la « guerre étrangère » apparaît parmi les causes des conflits, aux côtés de ce que l’on appelle aujourd’hui « la guerre civile » (qui opposait aussi bien des hommes libres que des hommes non libres), de la volonté d’acquisitions économiques (liées à une expansion territoriale), du loyalisme, etc. Ce n’est pas l’un des moindres intérêts du livre du professeur Harmand, de l’Université de Clermont-Ferrand, que de mettre en lumière ces continuités. Mais il ne s’agit pas ici seulement de réponses aux deux questions générales : pourquoi faisait-on la guerre, quels étaient les fondements de l’action ? Jacques Harmand étudie les armements, les tactiques, les stratégies. En effet, à partir du moment où apparurent une organisation collective et une discipline (fondements de la tactique, selon Ardant du Picq), la guerre dépassa le stade du duel ou de l’embuscade. Progrès de l’arc et de l’épée, utilisation de la charrerie et des éléphants, essor de la cavalerie avec le perfectionnement de la ferrure à clous et de l’étrier, sièges, renseignements, etc., sont minutieusement étudiés, et illustrés par de nombreux exemples, et l’on voit apparaître des notions que l’on imaginait « modernes », telles celles d’action psychologique, ou de guérilla et de contre-guérilla. Ce livre apprend beaucoup. ♦