Histoire de l’Australie
Dès les premières pages de cet ouvrage, on constate que notre génération – celle, du moins, qui est née au début de ce siècle, mais il doit en être de même des suivantes – ignore presque complètement l’histoire de l’Australie. Et en se reportant à la bibliographie exhaustive placée en fin de volume, on en discerne facilement la principale cause : il n’existe aucun ouvrage d’ensemble en langue française sur le sujet. Tout au plus, sur certaines questions particulières ayant trait à l’économie et à la sociologie, ou encore – le plus souvent – à la zoologie et à la botanique, trouve-t-on des références à des études parues dans des revues françaises spécialisées. Seuls, semble-t-il, les voyages des explorateurs des XVIIe et XVIIIe siècles échappent à cette carence (Bougainville, Dampier, des Brosses…). Mais c’étaient nos grands-parents, plutôt que nous-mêmes (peut-être trop blasés), qui s’intéressaient à ces ouvrages qui sont aujourd’hui, presque tous, introuvables.
Cette remarque suffit à mettre en lumière l’intérêt de l’étude de Robert Lacour-Gayet, qui y manifeste, en outre, un talent, une érudition et une conscience d’historien qui caractérisaient déjà ses précédentes contributions à la même collection, nous voulons parler des deux volumes qu’il a consacrés l’un au Canada et l’autre à l’Afrique du Sud.
Ce que le lecteur appréciera sans doute particulièrement dans l’ouvrage actuel, c’est son bon équilibre. L’auteur ne cherche pas à attirer l’attention plus spécialement sur certains aspects (économiques, par exemple) de l’histoire de l’Australie, au détriment de certains autres (politiques, sociaux, etc.) qui l’intéresseraient moins personnellement. Tout ce qui concourt à la vie du pays reçoit la part qui lui est due, de sorte qu’on a vraiment l’impression, en refermant le livre, d’avoir fait à fond la connaissance du pays et de ses habitants, et de pouvoir désormais les situer très exactement dans le panorama général de l’évolution des civilisations.
Tout au plus pourrait-on reprocher à l’auteur, ancien haut fonctionnaire de l’Inspection des Finances, d’avoir sur certains sujets une optique d’administrateur, et en particulier de s’être fait sur l’Australie d’aujourd’hui (c’est le titre de son dernier chapitre) une opinion qui reflète peut-être mieux celle de l’establishment que de l’homme de la rue. Une histoire écrite par un syndicaliste, par exemple, aurait sans doute rendu un son quelque peu différent. Mais il ne faut pas interpréter cette simple remarque comme un reproche déguisé de conformisme. ♦