Les causes de la troisième guerre mondiale
L’auteur s’est rendu célèbre aux États-Unis par plusieurs livres qui ont déchaîné de violentes controverses. Bien qu’il soit décédé, les jeunes étudiants américains continuent de se réclamer de lui au cours de leurs protestations contre la société actuelle et contre la politique de leur gouvernement. C’est qu’il met en cause et en accusation l’élite américaine, notamment l’élite militaire liguée avec l’élite industrielle, et dénonce l’indifférence de la masse en essayant de lui faire comprendre qu’elle ne doit pas suivre aveuglément ses dirigeants et se rendre complice des inégalités sociales et des guerres que leurs décisions entraînent.
Ce livre a été publié en 1960. Claude Julien a écrit une assez longue préface pour cette réédition et expliqué les raisons pour lesquelles il demeurait d’actualité. C. Wright Mills a fait de son livre un réquisitoire contre la préparation de la guerre mondiale qu’il voyait venir et qu’il dénonçait ; la principale cause de cette guerre est, à ses yeux, justement cette préparation, l’omnipotence de la « métaphysique militaire » dans le pays, la course aux armements, la recherche de solutions de force aux problèmes internationaux. Mais il veut aussi fixer un programme pour éviter que la situation qu’il décrivait ne s’amplifiât : dénoncer inlassablement toutes les décisions qui risquent d’amorcer le processus menant à la guerre, imaginer sans trêve des solutions pacifiques, secouer l’indifférence commode et confortable, ne pas croire à la fatalité de la guerre. Pour les intellectuels notamment, le devoir est de se refuser à faire des travaux pouvant servir à la guerre, se grouper pour faire triompher les idées de paix, ne pas avoir le fétichisme d’un progrès scientifique qui sert à construire des instruments de destruction.
Le programme est certes généreux et sincère. Mais dans quelle mesure est-il réalisable ? C’est une autre question. Depuis que la première édition de ce livre a paru, les choses ont évolué ; peut-être pas suffisamment pour que l’on puisse prétendre qu’il n’existe aucun danger de guerre mondiale, mais dans des conditions telles cependant que l’auteur n’aurait sans doute pas écrit aujourd’hui ce qu’il écrivait il y a dix ans. ♦