Un observateur à Moscou
Publié en langue anglaise en 1969, puis traduit en français, ce livre décrit la vie quotidienne en URSS, et notamment à Moscou et à Leningrad, au moment de l’affaire de Tchécoslovaquie d’août 1968. On peut se demander pourquoi l’auteur a tenu à garder l’anonymat, malgré les raisons qu’il donne, car de nombreux ouvrages du même genre ont été récemment publiés en Occident sans que leurs auteurs aient caché leur nom et leur nationalité. On trouvera une opinion personnelle sur des faits qui sont généralement connus : l’apathie de l’opinion publique russe dans son ensemble vis-à-vis de tout ce qui ne regarde pas immédiatement sa vie matérielle, la résignation de moins en moins admise des intellectuels, qui ne forment qu’une très faible minorité dans la masse de la population, les conditions de vie qui sembleraient précaires en Occident mais que les Russes acceptent comme ils acceptent leur long et froid hiver, l’omniprésence de la police, la difficulté de communiquer réellement avec les ouvriers et plus encore les paysans russes, pratiquement rejetés hors du cercle étroit que peuvent explorer les Occidentaux résidant en URSS.
L’opinion de l’auteur est que les conditions actuelles de la vie courante en Russie résultent autant de la tradition du peuple russe que de la volonté de ses dirigeants de l’isoler du monde et de construire pour lui, mais en dehors de lui, un bonheur futur. Si l’URSS « se libéralisait », les membres de l’intelligentsia en profiteraient certainement, mais sans doute pas l’ensemble de la population, du moins avant un très long délai, car elle n’est pas prête à des transformations rapides de mentalité et d’habitudes.
Le livre est d’une lecture facile. Il n’apporte pas de révélations mais il confirme ce que l’on sait en Occident de l’état de la population russe. ♦