L’Amérique impériale
Traduit de l’américain, ce livre, publié en 1968 aux États-Unis, y a eu quelque résonance. C’est à la fois une description de l’impérialisme américain depuis deux siècles et plus particulièrement de nos jours, une annonce prophétique de ses développements prochains et une thèse suivant laquelle cet impérialisme est né d’un déterminisme psychologique beaucoup plus que de la volonté du gouvernement de Washington et des désirs du peuple américain. Toute description établie à partir d’une idée préconçue risque d’être menée d’un point de vue étroit ; c’est bien le cas ici. L’impérialisme américain n’est pas niable, mais il est certain qu’il ne s’est pas développé avec cette rigueur que lui prête l’auteur, et dans l’avenir il n’aura probablement pas les conséquences qu’il lui prédit ; par exemple, ce n’est pas parce que les États-Unis ont étendu leur puissance sur les États de l’Amérique latine, à des degrés divers, qu’ils feront certainement de même vis-à-vis des États africains. Quant à la thèse soutenue par l’auteur, elle est davantage présentée sous la forme d’une pétition de principe que démontrée par une argumentation adéquate. Pratiquement rien, dans ce texte si long, ne vient la confirmer ou l’étayer.
Dans ces conditions, on peut se demander quel intérêt présente cet épais volume. Il en a cependant, ne serait-ce que par un essai d’explication de la politique américaine depuis deux siècles, comme par les perspectives qu’il ouvre sur l’avenir d’un condominium américano-russe sur le monde entier. Non que cette perspective soit inéluctable et que ses conséquences doivent en être, s’il est établi tacitement, celles que prévoit l’auteur ; mais parce qu’elle est en effet une hypothèse possible à laquelle il est bon d’être préparé, comme à toutes celles qui peuvent être proposées raisonnablement à propos de l’avenir prochain.
Le lecteur trouvera aussi dans cet ouvrage de nombreux « résumés » de questions d’actualité qui pourront opportunément rafraîchir sa mémoire et pourront être utilisés en y affectant le coefficient de réduction ou de modification qu’impose la thèse générale de l’auteur. ♦