Madagascar. Cinquante ans de vie politique de Ralaimongo à Tsiranana
Cette volumineuse thèse de doctorat porte, comme l’indique le titre, sur l’évolution politique de Madagascar de 1919 à la fin de 1969 ; elle ne fait aucune référence aux questions sociales et économiques, si ce n’est que par allusions pour éclairer certains aspects de la vie politique des nombreux partis aux sigles divers et variables qui participèrent à l’action menée pour aboutir à l’indépendance de la Grande Île.
L’auteur a suivi, avec une minutie à laquelle il faut rendre hommage, l’histoire des mouvements des diverses familles et des diverses tendances, dans un pays où se maintenaient les souvenirs du temps où Madagascar était un État, se poursuivaient, sous des formes sans doute atténuées, mais toujours reconnaissables, les rivalités franco-anglaises du siècle passé, où se concurrençaient les prêtres catholiques et les pasteurs protestants et où apparaissaient les représentants des théories réformatrices ou révolutionnaires de la métropole, du socialisme modéré au communisme le plus intransigeant. Cette agitation multiforme a été essentiellement le fait des intellectuels de toutes tendances et de toutes convictions, la masse de la population s’en tenant pratiquement écartée dans son indifférence congénitale et dans sa tranquillité traditionnelle, hors les oppositions viscérales entre les races, entre les « 18 tribus ». Le triomphe du parti socialiste de M. Tsiranana a permis d’asseoir l’indépendance en utilisant la forte structure qu’il s’était donnée ; mais s’il est puissant, il est cependant l’objet de l’opposition grandissante des extrémistes de gauche parmi lesquels les communistes sont agissants.
Une telle étude est surtout un document de référence et de travail, dont la consultation est facilitée par une claire répartition des chapitres et sous-chapitres ; une lecture continue risque d’être lassante pour ceux qui ne sont pas spécialistes des affaires malgaches. L’absence de toute carte et de quelques résumés chronologiques est regrettable, de même que celle d’un simple tableau qui donnerait la signification des innombrables sigles dont il est difficile de se souvenir exactement. Mais ce sont là des critiques mineures à un ouvrage qui est, sauf erreur, le premier à donner au lecteur français une vue complète de la vie politique de Madagascar depuis la fin de la Première Guerre mondiale. ♦