La société française en 1789 : Semur-en-Auxois
À partir d’une étude approfondie de la situation sociale du baillage de Semur-en-Auxois, l’auteur présente une thèse de doctorat fortement documentée, mais sous une forme peu accessible au grand public peu familier des méthodes nouvelles de l’histoire utilisant des moyens scientifiques de recherche dont l’austérité est évidente. Mais la partie la plus importante de l’ouvrage est certainement l’introduction qui est une sorte de manifeste en faveur de l’histoire, envisagée non suivant les conventions traditionnelles, mais suivant une idéologie préconçue dont il importe de trouver les fondements les plus lointains. L’idéologie présente cherche ainsi ses racines dans le passé, interprète les faits auxquels elle dénie pratiquement toute signification objective qui lui serait contraire, en éliminant certains, en donnant de son choix des raisons d’apparence scientifique, en retenant d’autres. Le tout est présenté dans un style compliqué et parfois ésotérique, lourd de mots étranges et d’expressions inattendues. Il est certain que l’auteur aurait eu plus de chances de convaincre ses lecteurs si elle avait utilisé des procédés moins ardus et débarrassé son style de cet appareil de haute technicité qui, loin de tenter le lecteur, l’incite au contraire à se défier de ce dont on veut le persuader.
Il est regrettable que les grandes qualités d’un travail certainement considérable soient ainsi obscurcies. L’auteur écrit elle-même dès les premières lignes : « D’avoir été thèse universitaire et ouvrage de débutant, le livre se présente de façon quelque peu déroutante. » C’est une bonne autocritique, qui fait souhaiter qu’un jour Régine Robin nous donne des œuvres à la fois mûries et normalement accessibles, sur le passionnant sujet qu’elle a choisi. ♦