Le problème danubien
S’il est, après la question allemande, un problème qui a préoccupé l’opinion internationale, c’est bien le problème danubien, durant vingt-sept ans. Unifiée jusqu’à la première grande guerre entre les mains de l’empire austro-hongrois, l’Europe danubienne formait un seul organisme économique et un grand système politique auquel adhéraient de petits états satellites : Roumanie, Bulgarie, Serbie.
Cette unité inscrite dans les faits géographiques les plus élémentaires, dans la liaison danubienne, dans le caractère essentiellement complémentaire des économies danubiennes, fut rompue en 1918-1919. L’éclatement politique de l’Empire austro-hongrois créa cet émiettement d’États qui, de l’Autriche à la Roumanie, bordent le Danube et se partagent les plaines danubiennes ; cet acte historique, dû à l’explosion de rancunes nationales, longtemps comprimées et réprimées par la violence, s’est révélé contre nature. La nécessité de l’unité, si elle n’apparut pas très rapidement aux principaux pays danubiens intéressés, devint très vite évidente aux hommes d’État des grandes puissances occidentales.
Tout le problème danubien est dans la recherche de cette unité perdue. Plusieurs solutions furent proposées : jusqu’en 1933, on essaya par la persuasion d’amener les États danubiens à conclure une sorte de fédéralisme économique ; de 1933 à 1944, l’Allemagne réussit peu à peu à imposer sa propre solution, l’unification à son profit ; depuis 1945, l’héritage germanique est repris par l’Union soviétique qui reconstitue sous son égide l’unité danubienne. Le problème danubien en est actuellement à cette troisième phase ; l’U. R. S. S. réussira-t-elle à reconstituer une Europe danubienne cohérente, le pourra-t-elle et quelles forces tenteront de s’y opposer : tels sont les termes dans lesquels se pose maintenant le problème danubien.
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