La fin mystérieuse du Général Sikorski
On doit à l’auteur un des livres les plus saisissants sur la dernière [Seconde] guerre mondiale, La destruction de Dresde, paru chez le même éditeur et dans la même collection. Le présent ouvrage, publié en langue anglaise en 1957, ne décevra pas les lecteurs, bien qu’il soit d’une facture toute différente de celui que nous venons de citer. Le général Sikorski, premier ministre du gouvernement polonais en exil à Londres, était une personnalité remarquable ; il était l’âme de la résistance polonaise contre toutes les tentatives d’annexion qu’elles viennent de l’Allemagne de Hitler ou de la Russie de Staline, et semblait seul capable de s’opposer aux projets de ses deux puissants voisins. Son énergie et son autorité troublaient les relations entre les trois Grands d’alors, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’URSS, pour lesquels la Pologne et plus généralement le sort des pays de l’Est européen était un sujet de désaccord et de marchandage. Or, le 4 juillet 1943, le général Sikorski disparaît dans un accident d’aviation au moment où, revenant du Moyen-Orient, il décollait de Gibraltar. Les causes de l’accident sont suspectes ; qui en est responsable ? Le pilote, un Tchèque servant dans les rangs anglais ou l’un des services spéciaux des belligérants ? L’énigme est encore entière à ce jour.
David Irving a su donner au récit de l’accident et à ses commentaires sur l’enquête un tour qui laisse le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page dans la manière d’une intrigue policière de haute qualité. Il ne conclut pas, mais les arguments qu’il donne pour ou contre les hypothèses possibles permettent de faire les réflexions les plus intéressantes sur les dessous de la grande politique comme sur les éventuelles défaillances de la technique et de l’homme qui la met en œuvre. Au total, un bon livre.