Les derniers torpilleurs
D’après l’auteur, le « gigantisme » serait le signe avant-coureur de la disparition prochaine d’un type de navires. Ainsi en est-il des torpilleurs qui, à l’origine, au moment de la guerre de Sécession, étaient de petits bâtiments auxquels leur armement devait permettre de s’attaquer victorieusement aux plus grands. Mais le bâtiment de petit tonnage n’a pas de rayon d’action suffisamment étendu pour livrer combat en haute mer ; il doit donc être remplacé par un navire plus important, dont on s’aperçoit vite qu’il doit être encore plus gros pour remplir correctement ses missions ; aux vedettes succèdent les torpilleurs, puis les contre-torpilleurs, puis les escorteurs ; les destroyers sont chargés de lutter contre eux ; l’apparition du missile impose de donner aux navires un tonnage relativement élevé ; l’ère des torpilleurs prend fin, cependant que demeurent, pour des missions précises, mais limitées, les vedettes rapides. Ce qui persiste, c’est « l’esprit torpilleur », c’est-à-dire le courage, l’audace, l’imagination, le dévouement, la conviction que la bataille peut être gagnée à force de décision et de rapidité d’exécution.
L’amiral Lepotier retrace, avec sa verve et son aisance habituelles, cette histoire héroïque des torpilleurs, en relatant avec minutie de nombreuses actions qui sont autant d’exemples en même temps que des arguments en faveur de sa thèse. On lira ce livre avec intérêt ; il évoque un des aspects les plus exaltants de la vie et de la guerre sur mer.