Alliances and Small Powers
Les petites puissances sont-elles de la même nature que les grandes, ou appartiennent-elles à une autre espèce ? Leur alliance, pour ces dernières, peut-elle s’estimer par le poids de leurs forces militaires et de leurs populations, ou ont-elles un autre critère ? Leur sécurité propre peut-elle être assurée par un système d’alliances, ou n’existe-t-il pas d’autres facteurs qui peuvent y contribuer efficacement ?
L’histoire montre, d’après l’auteur, que les grandes puissances européennes ont généralement fait peu de cas des petites, sauf lorsqu’elles se trouvaient en danger de guerre et que toute aide, même de faible importance, leur semblait bonne à prendre. Les petites puissances jouaient alors un rôle d’appoint qui était loin d’être négligeable. Dans les temps plus récents, et notamment depuis l’apparition des armements nucléaires, l’apport des petites puissances est militairement si faible qu’il n’a pas de réelle importance ; mais la guerre ayant évolué et n’étant plus le fait des seules forces armées, l’alliance des petites puissances a pris, pour les grandes, une signification psychologique et politique de toute première importance. Il n’est point de grande puissance qui n’ait son cortège de petites puissances, indispensables à sa propre sécurité morale et physique.
C’est ainsi que nous semble pouvoir être résumée à grands traits la thèse de Robert L. Rothstein. Il la développe au cours d’une analyse très dense, souvent touffue, dans les méandres de laquelle le lecteur risque un peu de se perdre et de se noyer. Pour les Français, la partie qui semblera sans doute la plus intéressante est celle où l’auteur développe ses vues en prenant pour exemple l’alliance entre la Belgique et la France, de 1919 à 1936, comme le type d’une « alliance inégale ». ♦