Contemporary military strategy
Ce livre est un essai, au demeurant très court, destiné à familiariser les lecteurs non avertis avec les tendances actuelles de la stratégie militaire. Son auteur est un spécialiste universellement connu et dont toute l’activité a pour objet la recherche militaire. Aussi est-il autorisé à parler de questions qui lui sont familières.
Il a divisé son ouvrage en 13 chapitres assez courts, dont les premiers traitent, sans surprise, de la guerre nucléaire. Mais cependant, l’originalité de l’auteur est qu’il estime que la force continuera de jouer son rôle dans les relations internationales, malgré la puissance de destruction des armes modernes. La raison en est, contrairement à ce que pensent beaucoup, que l’existence de la force modifie l’attitude des puissances et leur comportement au cours des crises. Il a toujours existé des « armes absolues » ; à son apparition, chaque arme importante en a pratiquement été une. L’énorme puissance de l’arme nucléaire rend les gouvernants prudents en temps de paix, et limite les opérations de guerre lorsqu’elles éclatent ; elle a un effet évident. Et Morton H. Halperin en déduit les théories en cours aux États-Unis sur les différentes formes possibles de guerre, en soulignant les méthodes utilisées dans la recherche et en résumant l’évolution de la stratégie militaire américaine, jusqu’à l’apparition des engins spatiaux.
Il fait ensuite une rapide analyse des idées soviétiques et chinoises, pour en arriver à la théorie de la « réponse contrôlée », telle que l’administration du président Johnson l’a conçue et telle que M. McNamara l’a définie : les armes nucléaires seraient employées en premier lieu contre les forces similaires adverses, et non contre les populations, suivant des règles de raisonnement semblables à celles qui étaient autrefois employées. Les États-Unis conserveraient en tout temps, et surtout après le déclenchement des hostilités, le contrôle de leurs armements modernes, afin d’éviter une destruction impitoyable et stupide. Cette théorie soulève de nombreuses objections à la fois dans son principe et dans son éventuelle application.
L’auteur termine son livre par quelques chapitres consacrés à la guerre limitée, à la guerre révolutionnaire et à la réduction des armements ; il envisage ces questions en fonction de la guerre nucléaire toujours possible, plutôt qu’en ce qu’elles ont d’original.
Il s’agit donc surtout d’une introduction à la stratégie américaine contemporaine, sans prise de position notable. Sous cette forme, l’ouvrage est un bon résumé des idées en cours. ♦