La Croix-Rouge et la paix
De l’émotion ressentie par Henri Dunant sur le champ de bataille de Solférino à l’organisation d’une institution internationale capable de travailler efficacement au maintien de la paix, le cheminement est long ; le point de départ et le point d’arrivée semblent séparés par une distance parsemée d’énormes obstacles. Henri Coursier entreprend de raconter sommairement l’histoire du développement de la Croix-Rouge depuis ses origines et d’indiquer vers quel but elle tend. Si le livre qu’il a écrit n’est pas long, il est lourd de substance et marqué par l’espoir, un espoir dont le fondement n’est ni une conviction, ni un vœu, mais un ensemble de faits qui s’élargit chaque jour.
Il est remarquable que l’idée généreuse de Dunant ait pu se répandre si rapidement dans le monde ; ce ne fut pas dû à un heureux hasard, mais à une disposition des esprits mieux informés des désastres de la guerre et désireux d’y apporter un soulagement. L’ambition était haute : on sait qu’elle n’était pas vaine et que, dans le domaine des hostilités militaires, la Croix-Rouge a accompli un travail immense, à la fois par les mesures internationales qu’elle a réussi à faire édicter et par l’aide qu’elle a apportée à tous les services de santé des armées en guerre. Mais on sait probablement moins dans quelles conditions la Croix-Rouge s’efforce d’être aussi un instrument de propagation ou de maintien de la paix. Au-delà de l’œuvre charitable, naît une œuvre sociale dont l’apolitisme est sans doute la meilleure garantie de succès. Elle doit non seulement parfaire l’action politique des plus hautes instances internationales, mais donner à celles-ci un moyen nouveau et puissant d’action et de persuasion.
Le livre d’Henri Coursier présente, hors de toute et vaine littérature, cet aspect nouveau et prometteur de la Croix-Rouge. ♦