L’aventure atomique française. Comment naquit la force de frappe
Dans notre numéro de décembre 1968, nos lecteurs ont pu lire de courts extraits de cet ouvrage, comme au cours des dernières années, ils avaient pu trouver dans la Revue de nombreux articles du général Ailleret. Ce livre ne leur apportera donc pas de révélations : ils connaissent les théories et le dynamisme de l’ancien Chef d’état-major des armées. Ce qu’ils trouveront, tout au long de ces pages dont la première rédaction n’a pas été revue, c’est le portrait de l’homme qui les écrivait, car rien n’est plus révélateur de sa personnalité que cet écrit de premier jet. Ils pourront voir avec quelle persévérance, mais aussi avec quelle sûreté dans l’exactitude de ses raisonnements, le général Ailleret a conduit, malgré tous les obstacles, son intention à bon terme.
Ils liront aussi d’innombrables anecdotes, les unes se rapportant au travail de routine, les autres à des circonstances particulièrement importantes de ce long travail, mené pendant plus de huit années. Car ce livre est fait des souvenirs personnels de l’auteur et n’est nullement le froid exposé d’une doctrine ou le compte rendu d’expériences scientifiques. À ce titre, il est particulièrement attachant : chacun peut y retrouver des souvenirs semblables ou comparables aux siens et se sentir des réactions communes avec celles de l’auteur. Parmi ces anecdotes, il en est de cocasses, de curieuses, de surprenantes et de tragiques. Le récit fait par le général Ailleret des heures pendant lesquelles il était égaré dans le Tanezrouft, à la tête d’une colonne de reconnaissance, a une réelle grandeur et tient le lecteur en haleine.
C’est donc un témoignage, par les à-côtés et les hasards de la vie quotidienne, de ce que peut une volonté tendue vers un but bien clairement défini. ♦