La France vue par un Anglais
Le titre attire indiscutablement, beaucoup plus que ne l’aurait fait la traduction du titre de l’édition anglaise : « La nouvelle révolution française ». Celui-ci est cependant beaucoup plus explicite et rend mieux compte de la teneur de l’ouvrage, qui est une étude fort longue et fort détaillée de certains aspects de la vie française, notamment du renouveau économique de notre pays. Là où le lecteur pouvait penser trouver une aimable distraction, il rencontre un travail et se voit conduit à faire une autocritique en fonction de la critique qui lui est adressée.
Celle-ci est dans l’ensemble favorable et menée dans un esprit de sympathie certaine, ce qui n’empêche pas l’auteur de dire ce qu’il pense, même lorsqu’il s’agit de commentaires peu agréables. En cela, John Ardagh a raison ; nous n’avons pas besoin de louanges inconditionnelles.
Donc l’auteur voit la situation présente de notre pays comme une révolution heureusement pacifique, mais dans laquelle risque de sombrer ce qui faisait jusqu’à présent la réputation des Français, et qui était flatteur ou l’était moins… Une France moderne se dégage de ses traditions en se lançant dans l’aventure de notre temps, sous la conduite de technocrates pour lesquels John Ardagh, malgré quelques réticences, ne cache ni son estime ni son admiration. Le Plan est l’instrument de choix pour guider la France vers ses nouvelles destinées, un plan pratiquement admis par l’opinion même lorsqu’elle proteste contre lui ; il est la référence de base.
Certains lecteurs s’attacheront peut-être davantage aux développements de l’auteur sur les transformations de la vie de société, de la littérature et de l’art. Ceux qui y chercheraient un jugement quelconque sur les questions de défense et sur les troubles de conscience récemment éprouvés par tant de Français, seront déçus ; il n’en est nulle part fait mention.
Le lecteur français pensera sans doute que, malgré un si grand nombre de pages à la typographie serrée, le sujet n’est pas épuisé ; il pourra même se dire qu’il n’a été qu’effleuré. Mais il jugera aussi que s’il disposait d’un livre aussi bienveillant dans son objectivité sur l’Angleterre, il serait heureux de le lire… ♦