Un Américain à Hanoï derrière les lignes Viet-cong
Le titre est excitant. Peu de témoins américains se sont rendus librement « derrière les lignes vietcong ». Le lecteur s’attend à trouver des descriptions, des révélations sur le pays bombardé depuis si longtemps par les avions américains. Certes, il ne manquera pas de lire des pages qui lui décrivent le décor et les hommes ; mais il découvrira surtout un Américain…
Car l’ouvrage est plus révélateur de l’état d’esprit de son auteur que du spectacle que celui-ci avait sous les yeux. Arrivé au Nord Viet-Nam, l’auteur – bien qu’il soit un journaliste de classe, possédant bien son métier – semble n’avoir pas étudié la moindre carte ou le moindre document sur le pays. Il le regarde avec des yeux vraiment neufs et le découvre avec surprise. Les destructions qu’il constate lui semblent au total peu importantes ; avec quelques milliers de dollars, on les réparerait facilement. Le lecteur croit déceler une sorte de stupéfaction chez l’auteur, à la pensée qu’aussi peu de chose fasse tant de bruit et agite si profondément l’opinion mondiale. Non que Harrison E. Salisbury approuve ses compatriotes, ou plutôt les dirigeants de son pays, de se livrer à cette guerre de bombardements intensifs. Mais il est visiblement abasourdi de la stupidité de cette guerre, telle qu’elle est menée des deux côtés.
Il conclut à l’urgence de négociations pour arrêter cette situation aberrante.
Ce voyage effectué par l’auteur au Nord Viet-Nam a eu lieu aux environs de Noël 1966 et du Jour de l’an 1967. Ses remarques sont en conséquence en grande partie dépassées par les faits. Il reste de cet ouvrage l’étonnante révélation de l’attitude de l’auteur ; celle-ci paraît digne de réflexion, car elle est certainement sincère.