Les deux Viet-Nam
Paru aux États-Unis en 1963, mais remanié en vue de son édition française, par l’auteur lui-même – on sait qu’il devait être tué au Viet-Nam au cours d’une mission de reportage – ce livre est d’abord destiné aux Américains. Il leur explique ce qu’est le Viet-Nam et ce qu’a été son histoire, notamment quelle a été l’œuvre française trop souvent ignorée ou décriée. Le lecteur français trouvera dans les pages consacrées à ce sujet une sorte de justification et de réhabilitation ; mais ce n’est certainement pas ce qu’il cherche. Il y trouvera surtout un exposé, ou plutôt une thèse, sur la situation actuelle de ce Viet-Nam déchiré par la guerre. En termes simples et directs, l’auteur présente une somme de ce qu’il convient de savoir sur le pays et ses habitants, sur son histoire récente, sur la suite des combats qui s’y livrent depuis plus de vingt ans.
La thèse est résumée dans les dernières phrases de l’ouvrage : « Ce qui est en jeu au Viet-Nam, dans les années 1960, et des deux côtés de la ligne de démarcation, c’est la liberté – et non le niveau de vie. Et en présence du défi fondamental lancé ainsi à l’Occident, le maintien ou le remplacement d’un groupe particulier de dirigeants devient un phénomène relativement sans importance ».
On voit aisément que le débat est élevé et dépasse, pourrait-on dire, la suite des événements quotidiens dont la répétition peut lasser. D’après Bernard Fall, les Américains n’ont pas compris l’objet réel de cette guerre, ou l’ont minimisé en le transformant selon leurs préoccupations propres.
C’est un livre important, qu’il convient de lire. Ceux qui ont connu le Viet-Nam et y ont combattu le comprendront et sans doute en admettront la thèse générale, même s’ils s’écartent de l’auteur sur les points de détail.