La vie quotidienne des soldats pendant la Grande Guerre
Il était bon qu’un ancien combattant de la Grande Guerre restitue, pour ceux qui ne l’ont pas vécue, l’ambiance de la vie des soldats au front. Les événements s’éloignent si vite qu’il est en effet à craindre que les jeunes répondent un jour : « La Grande Guerre ?… Connais pas !… »
Cet ouvrage n’en raconte nullement les péripéties ; il n’est pas davantage un récit des combats. Demeurant bien dans son objet, il traite vraiment de la vie quotidienne du soldat, dans la mesure où il est possible de réduire à quelques traits essentiels les conditions fort diverses dans lesquelles vivaient les combattants. Mais, au-delà des actes quotidiens de la vie, parmi lesquels le combat proprement dit tenait chroniquement peu de place et dans lequel pourtant tant d’hommes devaient trouver la mort ou la mutilation, Jacques Meyer fait un portrait psychologique poussé du Français sous les armes. Il n’est pas militaire et n’aime pas ce qui rappelle la vie de caserne, ni même la condition militaire ; il reste sensible, pourtant, au reflet de gloire dont il bénéficie parfois, rarement. Il n’est pas guerrier, et ne se plait point au combat ni à l’exaltation qu’il procure. Mais c’est un paysan qui aime sa terre et la défend parce qu’il est dans l’ordre des choses de le faire, parce qu’il est inadmissible que quelqu’un d’autre tente de s’en emparer. Les grands sentiments de patriotisme des premières semaines de guerre ont vite fait place à une acceptation de la guerre qui est imposée, une acceptation nullement résignée, mais tranquille et décidée. Un espoir subsiste cependant : que cette guerre soit la dernière ! Tant il est vrai que l’homme le plus réaliste a besoin d’une étincelle d’illusion…
Un livre droit, honnête, juste, sérieux, écrit comme on devait se battre dans les tranchées.