Du protectorat à l’indépendance. Maroc (1912-1955)
Collaborateur au Maroc des Résidents supérieurs Lyautey, Steeg, Ponsot, Saint, Peyrouton et Noguès, puis à Paris membre des Cabinets de Georges Bidault et d’Edgar Faure, Georges Spillmann avait toute qualité pour résumer l’histoire du Maroc sous protectorat français. Son récit, vivement mené, très clairement réparti, se lit fort aisément. Sans se garder de porter un jugement sur les actes de ses « patrons » non plus que sur ceux des hommes qui leur succédèrent dans la direction des affaires marocaines, l’auteur conserve une remarquable mesure dans l’exposé des faits comme dans l’affirmation de son opinion.
Son livre est tout d’abord un hommage rendu à l’œuvre de la France au Maroc. Quelles qu’aient pu être les erreurs, les fautes, les maladresses, la France a donné à l’Empire chérifien une unité, une stabilité, une organisation qui lui ont ouvert les portes de la vie moderne. « Nombreux, écrit Georges Spillmann, sont les Marocains qui le savent et qui commencent à le dire. »
L’intervention des États-Unis dans la vie marocaine, à un moment où la solidité de l’œuvre entreprise par les Français n’était pas encore parfaitement assurée, a failli en ébranler fortement les bases. La hâte d’une jeunesse pour laquelle les successeurs de Lyautey n’avaient sans doute pas assez fait, d’une jeunesse marocaine ambitieuse et consciente de pouvoir jouer son rôle dans son propre pays, aurait pu compromettre aussi le travail de nombreuses années.
Mais les conditions d’une sincère et véritable amitié franco-marocaine restent acquises. Et c’est sans doute, pour les deux parties, la conclusion la meilleure et la plus humaine qui puisse être tirée de près d’un demi-siècle de vie commune.