Les souvenirs d’un des grands dirigeants de la plus grande entreprise du monde pourraient a priori sembler rébarbatifs autant que des bilans et des comptes financiers. L’aspect de ce gros ouvrage renforce la crainte du lecteur. Celui-ci n’en est que plus agréablement surpris lorsqu’il se trouve en présence d’un texte fort clair, disant simplement ce qu’il doit dire, d’une façon si simple que l’on est même parfois tenté de penser qu’après tout, la direction générale de la General Motors est la chose la plus simple du monde ! L’auteur a su nettement indiquer l’essentiel, expliquer ce qu’était son affaire, comment elle avait été conçue à partir de quelques remarques de bon sens et de beaucoup d’intuition, quelles en avaient été la politique et la stratégie, comment elle avait été organisée et de quelle façon les hommes y étaient traités.

Peut-être y a-t-il dans ces nombreuses pages et malgré l’apparent souci de dire la vérité, une intention – qui serait bien compréhensible d’ailleurs – de souligner la réussite technique, commerciale et humaine de cette gigantesque entreprise ? Mais l’intérêt du livre est au-dessus de cela. Il est fait tout d’abord de la schématisation d’une grande affaire, des explications données à propos des grandes options choisies, de tout ce mécanisme du commandement et de la direction portant sur des entreprises autonomes mais subordonnées, grâce auquel la General Motors est devenue la puissance que l’on sait. Il est fait aussi des réflexions que peut inspirer plus spécialement le chapitre sur la participation de l’affaire à la défense nationale, au cours des deux guerres mondiales et de la guerre de Corée ; la concentration des moyens, la diversification des applications donnent à l’ensemble une remarquable souplesse qui permet au plus vite les réalisations les plus diverses.

Bien que ce livre ait été publié en langue anglaise en 1963, il conserve une actualité véritable. Les questions dont il traite sont celles qui se posent de nos jours dans l’industrie européenne. La lecture de cet ouvrage permet certainement de les mieux comprendre.