Histoire de la guerre froide. T. II : De la guerre de Corée à la crise des alliances 1950-1963
Dans notre numéro de janvier 1967, nous avions rendu compte du premier tome de cet ouvrage important, à la fois par son volume, son sujet et la personnalité de son auteur. Celui-ci, d’une façon plus aisée et plus claire, nous a-t-il semblé, que dans l’ouvrage précédent, poursuit le récit complexe des événements interférents d’une époque particulièrement fertile en crises internationales – Corée, Viet Nam, Berlin, Suez, Algérie, Congo, Cuba – qui sont encore dans toutes les mémoires.
Il est difficile de faire l’histoire des temps passés : il s’y mêle toujours une part d’interprétation. Lorsqu’il s’agit d’une époque si récente, nombre de ces interprétations demeurent à l’état de suppositions ; les archives conservent leurs secrets et les hommes ont peu parlé.
André Fontaine a limité son sujet à une « troisième guerre mondiale » qui se serait achevée par l’affrontement soviéto-américain de 1962 à propos de Cuba, non sans ouvrir des perspectives sur ce que pourrait être la quatrième, où seraient aux prises les trois Grands prévisibles : États-Unis, URSS et Chine, suivant des combinaisons qui laissent place à de multiples hypothèses. À ces trois grandes puissances, il estime qu’une quatrième doit venir s’ajouter, comme facteur d’équilibre : l’Europe. Si bien que cet ouvrage est tout autant un récit ordonné d’un récent passé qu’une argumentation en faveur d’une politique actuelle, d’un programme à réaliser dans le futur immédiat. La présentation en est habile : le monde ne peut continuer à vivre dans la division et l’hostilité, comme il l’a fait depuis 1945. « Qui peut nier, écrit l’auteur, que l’effacement de l’Europe, à la suite de deux guerres mondiales, a été la cause principale de la guerre froide ? ». C’est donc dans la construction de l’Europe que réside la chance de la paix du monde dans les prochaines années.
Œuvre d’actualité plutôt que d’histoire, l’étude d’André Fontaine a le mérite de rappeler, en les mettant à leur juste place, les événements dont les effets continuent de se faire sentir et de permettre ainsi une compréhension meilleure de notre temps.