La grande rafle du Vel’ d’Hiv’
On connaît davantage les horribles persécutions dont furent victimes pendant la dernière guerre les Juifs d’Europe centrale que les poursuites dont furent l’objet ceux de France. Le livre de Claude Lévy et de Paul Tillard s’emploie à faire connaître les conditions dans lesquelles furent arrêtés, le 16 juillet 1942, plus de 12 000 Israélites de nationalité étrangère, mais habitant Paris et la banlieue. Brusquement arrachés de leurs domiciles, entassés dans d’atroces conditions au Vélodrome d’hiver, puis répartis dans des camps avant d’être, pour l’immense majorité, transférés en Allemagne d’où la plupart ne devaient pas revenir, hommes, vieillards, femmes, enfants subirent un traitement inhumain dont le récit provoquerait l’incrédulité si, malheureusement, nous ne savions que les faits relatés sont bien vrais. Procédant par tableaux successifs, les auteurs montrent, sans commentaire superflu, toute l’horreur de cette vaste rafle dont ils ont interrogé les rares survivants. Puis, élargissant leur propos, ils retendent à l’histoire des Juifs en France pendant l’occupation.
Il est cruel de lire sous leur plume comment se comportèrent bien des agents de la force publique française, exécutant brutalement les ordres qu’ils avaient reçus ; les gestes d’humanité auxquels se livrèrent certains d’entre eux ne compensent pas, de loin, la pénible impression que ressentira certainement le lecteur.
Une histoire cruelle qui devait être écrite, un des drames les plus sombres de la sombre période de l’occupation : un livre qui frappe dans la crudité de son témoignage.