À bout portant sur Londres
L’ouvrage de David Irving sur « la destruction de Dresde » n’est sans doute pas oublié. L’auteur, dans ce nouveau livre, apporte à son enquête les mêmes scrupules et davantage encore de minutie. Il décrit en effet dans leurs moindres détails les péripéties de la construction, par les Allemands, des armes « secrètes » qui devaient devenir célèbres sous le nom de V-1 et de V-2, et les recherches des services de renseignement et des savants britanniques pour déceler à temps le danger. On lira cette longue étude avec un intérêt soutenu.
En dehors des données techniques, on retiendra un aspect très particulier des opérations sur le front occidental. En massant ses points de lancement dans le Nord de la France, le commandement allemand se liait à cette région qu’il devait logiquement considérer comme celle vers laquelle se porterait l’effort du débarquement allié, et par suite tenir solidement, tant pour faire échec à celui-ci que pour assurer le plus longtemps possible le bombardement de Londres. Lorsque le débarquement se produisit en Normandie, les Allemands, qui entamaient l’attaque par V-1, pouvaient aussi légitimement penser que les Alliés effectueraient un débarquement secondaire dans le Pas de Calais, pour faire cesser au plus tôt les destructions subies par la capitale anglaise. Ainsi se combinaient des données purement techniques de mise au point et d’utilisation d’une arme nouvelle et les plus hautes dispositions stratégiques.
L’auteur juge que les Allemands ont sacrifié l’utile au spectaculaire et se sont laissé emporter, dans cette recherche passionnée d’armes nouvelles, par des considérations que n’étayait plus le bon sens. Le lecteur pourra, certes, avoir une conclusion différente ; il restera reconnaissant à David Irving de lui avoir si claire ment et si longuement fourni les éléments d’une opinion.