Les relations franco-soviétiques 1917-1967
Il n’est certes pas facile de rendre accessible au lecteur l’histoire de cinquante années particulièrement chargées d’événements dramatiques, surtout lorsqu’elles conduisent à l’actualité la plus immédiate. Il n’est pas plus aisé d’isoler du contexte de relations internationales complexes celles qui concernent plus spécialement deux États, fussent-ils importants. Aussi, le travail de Maxime Mourin doit-il être salué comme une réussite, car il est clair, tout en étant chargé de substance et de faits, et parce qu’il se tient dans une louable objectivité en une matière qui prêterait si facilement le flanc à des déformations partisanes. Certes, comme l’écrit modestement l’auteur, il ne peut s’agir encore d’une « véritable histoire » ; mais, comme il l’ajoute, c’est bien une « loyale tentative de défrichement ».
Et de défrichement d’une forêt touffue, qui ne cache cependant pas deux faits évidents : la présence géographique, entre l’URSS et la France, de l’Allemagne et de la Pologne. Les relations entre les deux États devront essentiellement tenir compte de ce fait purement européen, au milieu des événements fluctuants de la politique mondiale. Dès que les Soviets affirment leur pouvoir, c’est l’attitude de la France et de l’URSS envers leurs voisins immédiats qui forme le test de leurs rapports. La France n’admettra pas davantage une Allemagne forte que l’URSS n’acceptera une Pologne hostile. Aussi les relations entre les deux États vont-elles varier suivant que la Pologne et plus encore l’Allemagne leur paraissent dangereuses. La conclusion du pacte d’assistance mutuelle de 1935, sa rupture en 1939, l’établissement d’un nouveau pacte en 1944, que les Soviets dénoncent en 1955, la reprise actuelle de rapports gouvernementaux en apparence cordiaux, ce sont là autant de signes accusés par le thermomètre européen. Sachons gré à Maxime Mourin d’avoir si méticuleusement noté la courbe des températures, et d’avoir décrit de façon si pertinente une période de l’histoire que la plupart des Français ignorent ou déforment inconsciemment.