Le temps n’est pas si éloigné où il y avait encore des « blancs » sur la carte de l’Afrique. Il reste encore de nombreux « blancs » dans l’histoire du continent noir. Il faut savoir gré à l’auteur de s’être efforcé d’en diminuer le nombre et l’étendue, dans un travail dont il souligne lui-même que certaines parties ont un caractère provisoire, car les sources sont encore rares et ne se découvrent que progressivement et lentement.
Robert Cornevin avait consacré un premier volume à l’histoire de l’Afrique avant l’arrivée des Européens. Il en consacrera un autre à la période récente de la colonisation et de la décolonisation. Ce qu’il nous présente aujourd’hui, c’est l’histoire de l’approche et de l’impact de la civilisation européenne sur les populations africaines, celle d’une période évidemment déterminante, riche d’événements dont les conséquences sont loin d’être toutes nettement éclaircies.
L’écart entre les civilisations européennes et africaines contemporaines à l’époque de notre Moyen-Âge était faible, dit l’auteur. Acceptons, non sans réserves, ce postulat, puisqu’il est celui que Robert Cornevin a choisi. En quelques siècles, cet écart est devenu si grand qu’il a semblé tout naturel, nécessaire et parfaitement moral que l’Europe partage l’Afrique entre les principales puissances qui étaient alors le « fer de lance » du progrès mondial. Quelle est l’explication de ce phénomène historique indubitable ? Il nous semble que c’est là la question essentielle de toute l’histoire de l’Afrique pendant cette période qui s’étend approximativement de 1500 à 1900. Reconnaissons que nous n’y avons pas trouvé de réponse précise dans cet épais volume.
Cet énorme travail est donc une exploration dans un monde encore peu connu. C’est ce qui fait son intérêt, malgré ses inévitables faiblesses. La documentation ainsi réunie et mise en ordre permet au lecteur, et plus sûrement encore au chercheur, de trouver les premiers points de repère essentiels, de distinguer les grandes masses et de progresser autrement qu’à l’aventure. À ce titre, ce livre mérite largement de figurer dans les bibliothèques et d’être consulté. Un tableau synoptique et une abondante bibliographie aideront considérablement le travail de recherche et d’étude.