La guerre de guérilla
Ce livre qui date de 1961 est célèbre en Amérique latine. Écrit dans un but pratique, pour enseigner aux révolutionnaires des différents pays la façon de concevoir et de mener la guérilla, dans le contexte de la société latino-américaine, il insiste essentiellement sur la nécessité d’agir d’abord dans les milieux ruraux, en se servant de l’exemple de la misère pour faire comprendre l’urgence de la réforme agraire, et malgré le peu de réceptivité initiale d’une masse paysanne en grande partie analphabète.
Il s’agit de convaincre quelques esprits, de former autour d’eux des cellules armées, qui se multiplieront progressivement, afin de noyauter les campagnes et d’y créer une opinion, ou plutôt un état d’esprit défavorable au gouvernement en place. Dans les villes, on devra se contenter de former des cellules qui, au contraire des cellules rurales, auxquelles il est demandé d’agir avec la plus large initiative, devront se conformer strictement aux ordres reçus du commandement révolutionnaire. De nombreux points de détail sur la composition des cellules élémentaires, leurs effectifs, leur armement, leur équipement, leur tactique, sont fournis dans cet ouvrage qui est en quelque sorte un « règlement de manœuvre de la guérilla ».
L’auteur l’a écrit peu après la victoire de Fidel Castro à Cuba, en fonction d’une expérience qui venait d’être faite. Les faits, à Cuba, ne se sont pas déroulés comme l’indique Che Guevara. Une grande partie des enseignements sont donc « a contrario » et ce qui est exposé représente davantage ce qui aurait dû être fait que ce qui l’a été en réalité. Des erreurs commises, l’auteur a conclu à une doctrine, celle qui présentement est enseignée dans les maquis de quelques États sud-américains, et mise en pratique avec des succès variables.
On lira cependant cet ouvrage avec le plus grand intérêt et la plus grande attention, car il comporte un enseignement pratique indiscutable.