Si l’idée paraît bonne de remonter à la Révolution russe d’Octobre 1917 pour mieux faire comprendre les racines profondes des antagonismes qui allaient se manifester au cours de la guerre froide, trente ans plus tard, on jugera sans doute que les développements consacrés à ces origines sont trop longs : ils occupent plus de la moitié de ce livre, donc le quart de l’ensemble de l’ouvrage, qui sera composé de deux tomes. Il ne semble pas que cet exposé, obligatoirement complexe et par suite touffu, apporte, à partir des causes lointaines, un éclairage satisfaisant des événements plus récents.

On regrettera sans doute aussi que cette histoire soit présentée par ses événements plutôt que par des explications qui auraient permis de les situer dans le déroulement général des relations internationales difficiles entre les deux blocs qui vont rapidement se former. On notera quelques erreurs manifestes, sans doute mineures et sans conséquence sur l’ensemble de l’exposé ; il serait facile, dans une édition ultérieure, d’apporter les corrections nécessaires.

Ce livre, malgré ses imperfections évidentes, a cependant le mérite de présenter un récit continu et ordonné de l’histoire de l’après-guerre jusqu’à la guerre de Corée, d’offrir au lecteur des indications suffisantes sur les comportements des peuples et des dirigeants politiques et d’exposer des opinions dépourvues, autant qu’il est possible lorsqu’il s’agit d’événements très proches de nous, de passion politique et partisane, mais appuyées sur des jugements personnels que le lecteur peut partager ou réfuter, mais dont il doit objectivement reconnaître l’intérêt.

Bien qu’écrit dans un style fort simple, ce livre n’est pas d’une « lecture facile » ; le sujet ne s’y prête pas. Puisque l’auteur n’a pas choisi d’écrire une œuvre de synthèse, son récit doit se lire lentement, posément, en ménageant quelques intervalles entre les différents chapitres. Tel qu’il est, il fait souhaiter cependant que le tome second vienne bientôt compléter ce premier tome.