Nouvelles équations politiques
Jean Barets présente des théories intéressantes et nouvelles sur les lois qui conditionnent le développement des civilisations et des régimes dans le monde. Il donne à son exposé une forme quasi mathématique, marquant et résumant chaque étape de son raisonnement par une formule qui ressemble à l’énoncé d’un théorème. Cette méthode, attirante dans les premières étapes, devient peu à peu artificielle et systématique. Il n’est pas certain que l’auteur ait eu avantage à l’employer ; un développement d’allure moins scientifique aurait sans doute autant frappé le lecteur et l’aurait probablement séduit davantage.
Le nombre des habitants de notre planète augmente rapidement, mais celui des « chercheurs » augmente plus vite encore, ce qui permet une évolution très rapide du progrès technique et matériel. Ces chercheurs se penchant peu sur les questions morales, le progrès moral est moins rapide que le progrès matériel ; d’où une évidente distorsion qu’il convient de redresser pour retrouver une période d’équilibre et de développement total harmonieux.
Mais ce développement est dû à des « forces d’auto-développement » que les dirigeants ne contrôlent pas. Il s’oriente donc dans des directions ou vers des conséquences imprévisibles, différentes et parfois à l’opposé de celles qui avaient été supposées ou souhaitées. Ce phénomène apparaît aussi bien dans les sociétés industrielles que dans les sociétés politiques.
Il est donc nécessaire de connaître, pour diriger les sociétés, les lois qui régissent leur psychisme collectif. Jean Barets écrit à ce sujet des pages fort intéressantes sur l’inconscient collectif et ses manifestations.
De toute évidence, les facteurs qui influent sur une société sont multiples. Ils forment dans leur ensemble des « forces globales » extrêmement complexes, qui ne peuvent être étudiées que par des procédés de recherche opérationnelle. Et l’auteur donne des exemples de l’application de ces méthodes dans le domaine de l’emploi en 1970 et dans la détermination de ce que sera notre pays dans dix ans.
La connaissance des lois et l’utilisation de méthodes scientifiques permettront à la politique de devenir une science objective, dégagée de tout ce qu’elle comporte actuellement d’empirisme et de passion. Cependant, tant que ces lois ne seront pas connues avec une suffisante précision, il faudra pratiquer une méthode expérimentale, dont les essais et les conclusions partielles ouvriront la voie à la politique objective globale.
Voici comment il nous paraît possible de résumer en quelques phrases un livre fort dense, aux idées originales, qui méritent d’être examinées et approfondies. ♦