Marins de pétrole
Pour les navigateurs des pétroliers, « faire le Golfe » (Persique) c’est presque « faire l’autobus ». Dix-huit jours de navigation, quelques heures pour faire le plein (4 000 tonnes à l’heure) ou pour lester le navire à l’eau de mer et la navette recommence. Juste le temps de remplir les tanks, le garde-manger et la cambuse, et éventuellement de procéder à une rapide réparation : l’Europe attend le précieux combustible – noir, s’il est brut, blanc, s’il est raffiné. L’immobilité est interdite aux pétroliers : nous sommes bien loin des escales exotiques.
Lieutenant au long cours, Jean Randier a partagé pendant plusieurs mois la vie des marins du pétrole ; une vie peut-être un peu plus routinière qu’on ne le suppose mais aussi un continuel Salaire de la Peur. Lorsqu’on transporte 40 000 t de liquide inflammable, on ne peut se permettre de jouer avec le feu : il n’est pas question de fumer sur le pont où il est même interdit d’évoluer avec des chaussures ferrées. Par contre, l’air conditionné et la piscine sont des équipements de plus en plus courants.
Au XXe siècle, l’aventure ne dédaigne pas le confort. ♦