Mongolie rouge, pays du ciel bleu
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le grand succès d’un livre sur l’aventure du baron Ungern-Sternberg, l’un des généraux de l’Amiral Koltchak, pour un temps dictateur de la Mongolie extérieure, avait appelé l’attention du grand public sur la Mongolie extérieure, dont, à part quelques spécialistes, on ne savait rien, sinon que s’y trouvait le désert de Gobi. M. Ivor Montagu, tour à tour zoologue, metteur en scène de cinéma, et journaliste, surtout grand voyageur et excellent observateur, l’a parcouru de long en large, en 1954 et 1956. Il en a rapporté un petit livre à la fois vivant et instructif.
Il y montre comment au système féodal et monacal du lamaïsme a pu se substituer une République populaire parfaitement organisée, qui, tout en modernisant les centres urbains, en faisant de l’ancienne capitale Ourga devenue Oulan-Bator, une ville moderne dotée notamment d’un excellent théâtre, tout en développant l’industrialisation et la législation sociale, n’a pas changé grand-chose à la vie patriarcale et biblique des anciens guerriers de Gengis Khan devenus, depuis des siècles, de paisibles pasteurs qui savent pratiquer une charmante hospitalité. Mais, l’auteur nous en avertit dès ses premiers chapitres, la Mongolie, où coexistent le moderne et l’archaïque, a cessé d’être un État tampon, pour devenir un pont que survolent, et où font obligatoirement escale les avions du service régulier Moscou-Pékin. Ce qui ramène le lecteur à l’excellent article du général Chassin dans le numéro de mars 1958 de la Revue, et le porte à se demander si c’était bien en exil, ou tout à fait en pénitence, qu’y a été envoyé, l’an dernier, un diplomate du renom de M. Molotof. ♦