La vie héroïque de René Guilbaud
Le commandant Coindreau, dont les lecteurs de la Revue ont pu, il y a quelques années, apprécier le vigoureux talent de psychologue et d’observateur, vient de consacrer une élégante plaquette d’une trentaine de pages à son compatriote vendéen et camarade de promotion le capitaine de corvette René Guilbaud, pionnier de l’aviation navale, tragiquement disparu en mer de Barentz le 18 juin 1928 en se portant au secours de l’expédition polaire italienne du général Nobile.
On se souvient des faits. Dès qu’on avait appris que le dirigeable géant Italia s’était abîmé sur la banquise, au Spitzberg, l’explorateur norvégien Roald Amuudsen avait fait appel à la marine française, qui disposait à l’époque du fameux prototype Latham-37, destiné, sous le commandement de Guilbaud, à tenter la traversée de l’Atlantique. Guilbaud avait tout simplement répondu que la tâche à accomplir ne dépassait pas le rayon d’action de l’appareil, et qu’il était prêt à partir. Le 18 juin 1928, il décollait de Tromsoë avec Amundsen à son bord. Dans la soirée, il cessait de donner de ses nouvelles. Des chalutiers découvriraient des épaves de l’hydravion quelques semaines plus tard.
En quatre chapitres : l’enfant, le marin, l’aviateur, le héros, le commandant Coindreau retrace la vie de son camarade et ami, depuis son enfance dans ce petit bourg de Mouchumps, où un sobre monument, dû au ciseau de ces autres Vendéens, les frères Marcel, évoque aujourd’hui son souvenir jusqu’à la tragique journée de juin 1928, en passant par les lycées de La Roche-sur-Yon et de Nantes, le Borda, les fastidieuses patrouilles en Adriatique pendant la guerre 1914-1918, les centres d’aviation de Saint-Raphaël et de la Pallice, le fameux raid Métropole-Madagascar en 1927, la minutieuse préparation du raid transatlantique. Récit émaillé de souvenirs personnels et de traits sur le vif, d’où se dégage l’attachante physionomie de cet être « très doux, d’une sensibilité un peu féminine, timide, silencieux, mais d’une imagination débridée et sujet à de véritables réveils explosifs », officier d’élite, faisant, à tout instant et tout simplement, son devoir, toujours prêt à répondre présent, et terminant ainsi sa vie, le plus naturellement du monde, par un acte d’héroïsme.
Pages écrites « avec la simplicité qu’il eût aimée », qu’il n’est pas possible de lire sans une profonde émotion. ♦