De la IVe à la Ve République au jour le jour
Le livre que vient de publier André Siegfried explique, par le commentaire des événements de la IVe République, comment celle-ci s’est effacée devant la Ve. Il est formé de trois parties. La première est la suite des articles que l’auteur donnait à L’Année Politique pour caractériser les faits saillants des douze mois précédents. La deuxième, un choix des articles publiés par l’auteur dans Le Figaro, et portant sur le fonctionnement du régime de la IVe République. La troisième enfin est une suite de réflexions devant les événements qui se sont déroulés avant et pendant le référendum.
André Siegfried présente son opinion avec son habituelle maîtrise. La IVe République est tombée d’avoir été soumise à un régime de partis, et de n’avoir pas eu de gouvernement, alors qu’elle avait tant de gouvernements. Mais, si elle n’a pas été gouvernée, elle a été administrée, ce qui lui a permis à la fois de connaître une période d’expansion industrielle remarquable et de « contenir, sinon d’éliminer, le poison communiste ». Mais il faut un gouvernement, et non une administration, pour diriger la haute politique de l’État ; l’absence de gouvernement a conduit aux crises d’outre-mer et à la perte de tant de territoires : l’excès du régime des partis a désabusé l’opinion qu’ils étaient censés représenter. Le référendum du 28 septembre s’est adressé à une personnalité qui symbolisait l’unité française, alors que les partis ne représentaient plus que les divisions entre Français.
Ainsi apparaît une double balance entre les tendances personnalistes et les tendances partisanes, entre les « courants politiques de fond » auxquels obéit notre histoire depuis 1789 : le courant constructeur et continuateur d’une œuvre séculaire, et le courant de « l’aile dynamique et déchaînée de la gauche révolutionnaire ».
Ces tendances et ces courants parviendront-ils à s’équilibrer de façon raisonnable ? C’est dans cet équilibre que l’auteur voit les chances d’une santé politique dont notre pays a besoin. ♦