Des cavernes à l’Europe des Vikings
Nous avons signalé, en son temps, l’ouvrage de l’Allemand C.W. Ceram : Des Dieux, des Tombeaux, des Savants. L’auteur révélait les extraordinaires richesses archéologiques du monde méditerranéen. Dans la présente étude, le Britannique Geoffrey Bibby s’attaque au passé, encore mystérieux, de l’Europe septentrionale. Ces deux livres ont un point commun : ils donnent (chacun dans son domaine) un panorama complet des recherches et des découvertes relatives à l’existence et à l’évolution de l’humanité des âges antérieurs à l’ère chrétienne ; ils tracent, à grands traits, les caractères et le mode de vie des êtres qui la composait et s’efforcent de fixer, en une large approximation, une chronologie de nos plus lointains ancêtres.
Geoffrey Bibby, par la composition même de son exposé, nous fixe à l’avance sur les grandes ères qui se dégagent de son étude et de la confrontation des documents qu’il a rassemblés. Dans la phase primitive, qu’il appelle « l’Ancienneté de l’homme », il présente la civilisation de l’homme des cavernes, dont les éléments sont, en grande partie, tirés des découvertes françaises. « Le retrait des glaces », c’est l’histoire des chasseurs qui, durant des siècles, suivirent la régression des glaciers afin de poursuivre les rennes et les mammouths. L’invention des « kjoekkenmoeddings » (débris de cuisines) apporte une documentation majeure et inattendue. Le stade suivant est caractérisé par la naissance de l’Agriculture : partis de l’Espagne, de l’Afrique du Nord, de l’Asie mineure, pour occuper et exploiter le sol de la Gaule, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Pologne, des Pays scandinaves, ces premiers cultivateurs réalisent la « Colonisation de l’Europe ». La découverte de grandes tombes humaines et de « sépultures de bateaux » apporte des lumières sur les sociétés européennes qui précédèrent celles sur lesquelles la tradition verbale et l’écriture nous ont renseignées : nous sommes « À la lisière des grands empires ». Comme un témoin bouleversant de vérité surgit « l’homme de Tullund » merveilleusement conservé dans un linceul de tourbe.
Il apparaît tout de suite que cette division de l’humanité primitive, basée sur le mode de vie, le degré d’évolution des sociétés, rapproche de nous, pour ainsi dire, ces premiers hommes et donne un accent plus vivant et plus vrai que le simpliste classement en âge de la pierre, du bronze et du fer.
L’ouvrage est largement documenté et illustré de nombreux croquis et photographies. Adoptant fréquemment le ton du récit l’auteur nous fait vivre passionnément avec les chercheurs et participer vraiment aux efforts et aux découvertes effectuées par une pléiade d’archéologues presque tous Scandinaves et germaniques. ♦