Un aide de camp de Napoléon : le général Le Marois
Parmi les familiers de Bonaparte, puis de l’Empereur, l’un des moins connus du grand public est sans doute le général Le Marois. Les circonstances ne l’ont pas conduit aux honneurs qu’ont connus Marmont et Junot, qui pouvaient se targuer d’être plus anciens que Le Marois dans les fonctions d’aide de camp, et Murat, qui avait une ancienneté égale.
C’est pourquoi le livre que consacre le colonel Gillot au général Le Marois est particulièrement bienvenu ; il permet de mettre à la place qu’il mérite un officier qui, du 13 vendémiaire à Waterloo, sera sans doute le plus fidèle de tous ceux qui suivirent Napoléon.
Mais il permet aussi de suivre pas à pas, parfois heure par heure, la vie d’un aide de camp de l’Empereur, souvent attaché directement à sa personne, mais aussi parfois chargé de missions délicates ou investi de commandements importants ; vie trépidante, active, mais lourde de responsabilités, vie tout entière marquée par la fidélité égale envers le souverain et l’honneur militaire.
À dix-neuf ans, déjà ancien en service puisqu’il s’est engagé dans la Garde nationale trois ans plus tôt, il est présenté à Bonaparte le 13 vendémiaire, devient immédiatement son aide de camp, et, après avoir été son témoin à son mariage – témoin mineur, donc légalement sans valeur, ce qui sera invoqué au moment du divorce avec Joséphine – il l’accompagne dans la campagne d’Italie. Il est de ceux qui suivent Bonaparte à Lodi et à Arcole ; il multiplie les actions d’éclat, et il est grièvement blessé. Plus tard, il sera au coup d’État de brumaire, au passage des Alpes, à Marengo ; nommé général de brigade en 1803, il reçoit le commandement des côtes de la Manche, de Brest à Cancale. Mais lorsque la Grande armée s’ébranle vers la Bavière en 1805 il est à nouveau près de l’Empereur, qu’il suit à Ulm, à Austerlitz, à Iéna, à Eylau. Pendant la campagne de Friedland, il reçoit le commandement de Varsovie et la mission d’assurer les ravitaillements de l’Armée. À peine rentré en France, il est envoyé en Italie, comme gouverneur des provinces d’Ancône, Urbin, Macerata et Fermo ; il est alors général de division et comte de l’Empire ; puis, après dix-huit mois d’une tâche difficile dont il s’acquitte remarquablement, il est chargé de mission en Belgique, où il doit faire la chasse aux réfractaires, et, pendant l’année 1812, il assume le commandement du camp de Boulogne. En 1813, il est d’abord chargé de commander Dusseldorf, puis il reçoit le commandement de la place et du corps d’armée de Magdebourg. C’est dans ce commandement qu’il terminera pratiquement sa carrière militaire, ayant défendu la place jusqu’en avril 1814 et ne la rendant que sur ordre du gouvernement français, en mai ; il en sort avec armes et bagages, navré de l’abdication de Napoléon, mais fier de n’avoir pas failli à l’honneur. Mis en demi-solde, il est évidemment de ceux qui entourent Napoléon au retour de l’île d’Elbe à son arrivée à Paris. L’empereur le charge du commandement supérieur des 14e et 15e divisions militaires, c’est-à-dire de la Normandie, et le nomme pair de France. C’est à Rouen qu’il apprend Waterloo. Sa carrière est alors bien finie. Il a trente-huit ans. Retiré dans ses terres, il mourra en 1836.
Cet « état signalétique et des services » est un trop résumé du livre que le colonel Gillot a consacré à son héros ; mais il permet d’en comprendre la densité et l’intérêt. ♦