Soldat avec les Arabes
Ce livre pourrait avoir pour sous-titre : « La guerre arabo-israélienne jugée du point de vue britannique par un soldat arabe », car l’auteur, s’il est lié par serment à la Jordanie, ne peut refréner ses réactions nationales ; entraîné en outre par ses fonctions à faire la guerre aux Israéliens, on ne peut s’étonner de le voir porter plus d’indulgence au gouvernement qu’il sert qu’à celui qui lui est opposé. Si l’on peut, regretter son attitude, sous l’angle historique, on doit convenir que Glubb Pacha se justifie avec beaucoup d’honnêteté.
« Au cours de ce récit, j’ai exprimé un certain nombre de critiques relatives à l’action de divers gouvernements… Je voudrais qu’on sache que je l’ai fait en toute humilité… Je n’ai pas pu avoir connaissance de toutes les considérations qui ont déterminé chaque gouvernement à suivre telle ou telle direction… Mes critiques étant extérieures sont nécessairement superficielles… » Ailleurs il dit aussi : « …Je crois que la création et le maintien par la force de l’État d’Israël ont été une faute. Il n’est que trop évident que le résultat a été désastreux, aussi bien pour les Britanniques que pour les Arabes. Et il ne semble pas improbable qu’il ne se révèle finalement désastreux pour les Juifs eux-mêmes. Ceci n’est, de ma part, qu’une opinion purement intellectuelle, dénuée de toute passion. »
Ces réserves étant faites, il faut convenir que Glubb Pacha apporte une contribution appréciable à l’histoire d’Israël de 1929 à 1956, histoire vivante et passionnante et qui a souvent l’accent de vérité d’un journal de marche. Il est certain en outre que l’intérêt que l’on prend à la lecture de ce livre, s’il a pour principal objet les événements rapportés, trouve surtout un aliment de qualité dans la découverte du personnage singulier, extraordinaire, qu’était l’auteur, magnifique aventurier, Pacha et général de fortune. ♦