La nouvelle classe dirigeante
Le livre publié aujourd’hui en français dans la collection « Tribune Libre » a valu à son auteur, le 5 octobre 1957, à Belgrade, une condamnation à sept ans de prison. L’article reproduit en appendice dans le présent volume avait déjà entraîné, onze mois plus tôt, l’arrestation et la condamnation de Djilas à trois ans de prison. Lors de son second procès, Djilas a déclaré : « Je maintiens tout ce que j’ai écrit dans ce livre, du premier mot jusqu’au dernier ». Il avait disposé que son livre devrait paraître, quelles que soient les conséquences pour lui.
Tel est le destin d’un des premiers et principaux dirigeants communistes yougoslaves. Fils d’une modeste famille d’officiers monténégrins, Milovan Djilas a été animateur des étudiants communistes de Belgrade, recruteur de la Légion yougoslave pour l’Espagne – et combattant lui-même. Membre du quadriumvirat qui dirigea la Yougoslavie après 1945, président du Parlement, stalinien enthousiaste, puis théoricien officiel du titisme, il a délibérément rompu avec ses amis, ses compagnons. La politique constitue sa seule expérience ; après y avoir trouvé la gloire et les honneurs, il renonce à ses privilèges, puis à tout ce qui constituait les bases de son existence, pour briser finalement ce qu’il appelle le « cercle magique ». Cette clique dirigeante qui a perdu contact avec le peuple, il l’affronte dans la presse – d’abord dans Borba, puis dans la presse américaine : La Nouvelle classe paraît en Amérique, et l’hebdomadaire New Leader publie en novembre 1950 l’article de Djilas sur la révolution hongroise. ♦