Le Sahara : géologie, ressources minérales, mise en valeur
En 1925-1927, l’Académie des Sciences coloniales mit au concours la question suivante : « Recherche d’une politique générale à longue portée du Sahara ». Le mémoire couronné portait ce titre : Le Sahara vaincu peut-il être dompté ? L’aménagement du Sahara. L’auteur était E.F. Gautier, professeur à la Faculté d’Alger. Et il écrivait en particulier : « La mise en valeur du Sahara est peut-être la plus importante parmi les questions du jour, si paradoxal que cela paraisse ; et cela paraît paradoxal parce que, évidemment, nous ne nous en doutons pas. Il faudrait en prendre conscience et agir. »
Or, cette prise de conscience, si elle est relativement récente pour l’opinion publique, apparaît être ferme et génératrice d’action. Il convient donc de reprendre le dossier « Sahara » et de le présenter dans ses éléments les plus actuels et sous l’angle d’une mise en valeur déjà pleine de promesses. C’est ce que s’est proposé Raymond Furon dans cet ouvrage.
Sans s’attarder, mais avec assez de précision pour déterminer un cadre général et pour situer les problèmes humains, il trace la physionomie géographique du Sahara et fait le récit de son histoire.
C’est ensuite sur la structure géologique que l’auteur met l’accent. Il fait de cette étude le point central et principal de son « dossier ». C’est, pour l’instant, sur les ressources minérales que l’opinion (nationale et internationale) est axée. Constatant que les grandes découvertes minières ont toujours été le résultat d’études géologiques poussées, il entend donner à la prospection des bases solides de recherche. C’est pourquoi, après avoir fait un exposé de stratigraphie générale il étudie, dans le détail, la géologie de chaque région du Sahara.
Cet exposé technique, précieux pour les esprits spécialisés, touche évidemment un moins large public que le suivant qui a trait aux ressources minérales connues. Variables, souvent intéressantes et parfois même impressionnantes, ces ressources étonnent par leur diversité. On peut citer l’eau, le pétrole, le gaz, le fer, le manganèse, le cuivre, l’étain, le wolfram, la columbite, la tantalite, le titane, le zircon, le plomb, le zinc, l’uranium, sans compter les phosphates et le sel. La présentation est un véritable bilan et l’auteur s’exprime en tonnages et en termes d’analyse.
Puis Raymond Furon veut donner des éléments plus réalistes : il expose les conditions dans lesquelles on peut envisager l’exploitation de ces ressources. L’enthousiasme qu’aurait pu susciter l’exposé précédent trouve ici sa contrepartie Les difficultés qu’évoque l’auteur sont d’importance ; elles ont nom : moyens de transport, main-d’œuvre, conditions politiques et financières, etc. Certains peuvent penser que la foi est apte à soulever des montagnes ; l’auteur est plus prudent.
Aussi ne faut-il pas s’étonner de le voir opposer les richesses réelles du Sahara à l’insuffisance ou la précarité des moyens nécessaires pour les mettre en œuvre au profit de la France. « Mettre le Sahara en valeur est une chose sérieuse et il faut féliciter de leur optimisme les hommes qui y pensent », dit-il d’ailleurs. Dans cette phrase, il résume toute sa pensée peu encourageante sans doute. Mais il faut noter qu’il a ouvert objectivement « le dossier ». Il n’a minimisé ni les promesses ni les risques. C’est au lecteur de juger. ♦