L’Égypte en mouvement
Satisfaisant à un besoin intellectuel assez général les auteurs, particulièrement qualifiés, offrent une « somme » de ce que chacun souhaiterait connaître de l’Égypte moderne. Ils étudient donc l’évolution de cette Égypte actuelle et, plus particulièrement, « la République des Bikbachis ». Derrière le petit groupe des « conducteurs » militaires (dont ils dénoncent les tendances totalitaires et la démagogie panarabe) ils n’ont garde de présenter le personnage central du drame : le paysan du Nil, le fellah, un des êtres les plus misérables du monde.
Après avoir exposé « l’affaire de Suez » et raconté « les violentes journées de l’automne 1956 », les auteurs entendent en tirer des enseignements. « Le déroulement de l’affaire de Suez, disent-ils, montre aux uns et aux autres ce qu’il ne faut pas faire ». Car deux problèmes dominent : celui du niveau de vie des masses et celui des rapports de l’Égypte et de l’Occident. L’indépendance et la neutralité égyptienne doivent déjà beaucoup aux États léninistes et aux Nations asiatiques. Or, beaucoup plus que la majesté des nations récemment libérées qui la prennent pour modèle, l’Égypte a besoin des autres. C’est d’au-delà de ses frontières que peut lui venir son salut. Et de conclure :
« L’Égypte veut à la fois être indépendante et se nourrir. Que ces deux exigences soient incompatibles serait un bien mauvais indice de l’état de la société internationale au milieu du XXe siècle. » ♦