Les Campagnes d’Afrique : Libye, Égypte, Tunisie (1940-1943)
Il est difficile de porter un jugement d’ensemble sur les campagnes d’Afrique qui, de juin 1940 à mai 1943, permirent aux Britanniques, d’abord seuls, puis aidés de leurs alliés français, polonais, grecs et américains, d’écarter la menace pesant sur le canal de Suez, de détruire la majeure partie des unités de l’Axe engagées sur les rives sud du bassin méditerranéen, et de constituer en Afrique du Nord une base solide – un tremplin – d’où leurs armées s’élancèrent victorieusement pour libérer le continent européen.
Grâce à un chef prestigieux, le maréchal Wawell, ils purent triompher assez vite des armées mal préparées que Mussolini avait rassemblées sur le sol libyen ; mais l’aventure tentée dans les Balkans les mit à la merci des quelques blindés jetés en Afrique par les Allemands au secours de leurs partenaires italiens alors au bord de la catastrophe. La résistance de Tobrouk permit à leur nouveau commandant en chef, le maréchal Auchinleck, de redresser une situation terriblement compromise et de repartir à la conquête de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine. Puis, après un nouveau recul, ce fut la « team » Alexander-Montgomery qui devait justifier tous les espoirs que le cabinet de guerre plaça en eux ; ce fut le coup d’arrêt d’El Alamein et la reconquête jusqu’au Cap Bon où l’armée de l’Axe fut annihilée.
Allemands et Italiens furent militairement vaincus : mais comment ne pas souligner que ce sont eux qui furent les premiers responsables de cette défaite ! Par la faute du Duce et de ses conseillers malintentionnés, l’Italie ne fut jamais lancée dans la guerre totale et la mère patrie ne sut jamais donner à ses soldats, non certes dénués de courage, les moyens matériels et le soutien moral capable d’en faire des combattants victorieux. Quant aux Allemands, ils eurent certes, en la personne du maréchal Kesselring, un chef d’une remarquable personnalité et qui, plus encore durant la campagne d’Italie, devait démontrer ses exceptionnelles capacités professionnelles ; mais, incompris de l’Oberkommando de la Wehrmacht pour qui n’existait que le front de l’Est, desservi par les conceptions politiques du Führer, il dut en outre consacrer une large partie de son activité à aplanir les incessantes querelles surgissant entre les états-majors allemands et italiens, puis à arbitrer les conflits entre ses deux subordonnés allemands, tous deux de forte personnalité et de caractère très entier : von Arnim et Rommel.
M. Robert Jars raconte dans tous les détails militaires cette campagne qui a frappé les imaginations et passionne toujours les esprits. Il a publié (dans la « Collection de mémoires, études et documents pour servir à l’histoire de la guerre » des Éditions Payot) La Campagne de Pologne et La Campagne d’Italie qui a reçu le prix Thiers de l’Académie française.
Le présent ouvrage qui, comme les deux précédents, fera sans doute autorité, intéresse tout lecteur, spécialiste ou amateur, féru de stratégie et de choses militaires. ♦