L’auteur nous prévient lui-même, dès l’avant-propos, qu’il cherche à atteindre le grand public. Ce qui manque, dit-il, à l’éducation de l’opinion française, « ce n’est pas une cinquantième ou une centième histoire de la Marine, c’est l’exposé authentique du rôle de la Marine dans l’histoire, ce qui est assez différent ». En fait, l’ouvrage montre l’importance stratégique, politique et morale du facteur naval dans la formation d’un pays, spécialement dans la formation du nôtre. Il expose comment l’esprit particulier de la Marine s’est formé dans le désintéressement, la discipline, le sacrifice. Il souligne les exemples de clairvoyance et d’abnégation que les marins ont toujours donnés dans le passé à une opinion trop souvent frivole.

Préparé par les grands postes militaires ou politiques qu’il a occupés, et mûri par sa longue épreuve, l’auteur, se plaçant au niveau du chef et de l’homme d’État, retrace à grands traits l’histoire de notre pays. À chacune des principales étapes de cette histoire, il dégage de la complexité des faits le rôle que la Marine et ses chefs ont essayé d’assumer. Il souligne les conséquences de la méconnaissance chronique des choses de la mer dont nos dirigeants, quelle que soit la forme du régime, sont parfois affligés. Mainte erreur historique grossière est redressée. Mainte guerre, mal explicable dans l’optique habituelle, s’éclaire quand on la considère sous l’angle de la lutte constante de la « mer » contre la « terre ». Maint traité de paix ne prend sa vraie valeur qu’en le plaçant dans la perspective de la rivalité traditionnelle entre hégémonies océaniques et hégémonies continentales.

Ce commentaire historique conjoint de l’institution navale et de la cristallisation nationale commence à la guerre de Cent Ans, englobe la période des guerres classiques, explique la formation des deux empires coloniaux successifs que la France a eus et débouche sur la Seconde Guerre mondiale, l’armistice de 1940, le tour de force du ravitaillement de la métropole sous l’Occupation, les dramatiques événements de 1942. En quelque 250 pages, ce volume contient l’essentiel de ce que tout Français doit connaître des vertus traditionnelles de sa Marine, et du poids de la mer dans la destinée d’un grand pays. ♦