Le Catholicisme politique en Allemagne
« Nous ne faisons pas d’histoire pour nous évader hors de notre temps, mais pour devenir capables d’assumer en pleine conscience la responsabilité qu’il remet entre nos mains », dit H.I. Marron, qui préface. Et il ajoute : « Si sérieux, si solide que soit ici l’effort de compréhension du passé, ce livre reste un livre engagé dans les combats de l’heure présente ». Il s’agit donc d’un ouvrage de combat. C’est l’histoire de la lutte du Parti démocrate-chrétien en vue d’obtenir la reconnaissance de ses droits.
Il est évident que le sujet était difficile à exposer. La notion même de démocratie chrétienne est antinomique. Il fallait user en outre « d’une dialectique déroutante par ses complexités, qui met en œuvre tour à tour un noble idéalisme d’inspiration vraiment surnaturelle et des réalisations humaines, trop humaines, au machiavélisme ingénu et parfois d’autant plus redoutable. » Joseph Rovan a su unir l’expérience politique à l’expérience religieuse.
Après avoir fait l’histoire du catholicisme allemand, l’auteur tente de définir sa physionomie actuelle et d’en déduire son avenir. Pour la première fois depuis Windthorst et Bismarck l’autorité d’un seul homme règne sur l’État et le peuple catholique. Or, cette démocratie autoritaire instituée autour du grand vieillard de Bonn masque des problèmes et des conflits et ne prépare pas les dirigeants à préparer les initiatives qui leur seront demandées. Il faut craindre que la disparition du chancelier Adenauer coïncide avec une période de difficultés économiques et sociales. Le destin de la démocratie chrétienne allemande risquerait de subir de nouvelles éclipses. Elle n’est pas encore assez assise pour que l’on soit sûr de son avenir. ♦