La guerre secrète autour de la superbombe
Est-ce un ouvrage de polémique ou une étude strictement objective ? Le volume fit scandale aux États-Unis ; de même que le sujet traité (la décision de fabriquer la bombe à hydrogène), il eut des détracteurs et des défenseurs passionnés.
Les auteurs présentent d’ailleurs leur thèse (remarquablement documentée) sous la forme d’un drame dont les protagonistes sont, d’une part, le professeur J. Robert Oppenheimer, Président de l’Atomic Energy Committee (AEC) et conseiller du Gouvernement et, d’autre part, Edouard Teller, Professeur de physique à l’Université George Washington. L’enjeu n’est rien moins que la prédominance atomique des États-Unis (par la réalisation de la bombe à hydrogène) à une heure cruciale pour la liberté du monde. Oppenheimer était connu pour ses sympathies communistes ; Teller, au contraire, était convaincu que l’ennemi n° 1 des États-Unis était l’URSS.
Les auteurs soulignent le rôle insidieux, retardateur et négatif d’Oppenheimer et l’action directe, tenace, réalisatrice de Teller. Assez compliqués et décevants apparaissent les savants (sous le coup d’un complexe de culpabilité pour avoir créé la bombe A) et les militaires, souvent incapables de faire prévaloir le point de vue stratégique aux savants (en raison de la haute autorité prise par ceux-ci dans l’opinion publique).
La bombe H se fait quand même, mais avec quels retards !
En fin de compte, sur la plainte de Thomas Finletter, Secrétaire d’État à l’Air et du Chef d’état-major de l’Air Hogt Vandenberg, Oppenheimer est traduit devant la Commission Gray. Les conclusions lui sont défavorables puisqu’elles expriment « le doute que sa participation à un programme de Défense nationale soit compatible avec les meilleurs intérêts de la Nation ». ♦