Souvenirs d’un soldat
Toute la première partie de l’ouvrage retrace l’histoire de la création des forces blindées allemandes par Guderian, qui s’inspirait lui-même des idées développées en Angleterre par le général Miller et en France par le colonel de Gaulle. En dépit de l’accroissement rapide de son armée, Guderian affirme qu’en 1940 les Anglo-Français disposaient de deux fois plus d’engins blindés que les Allemands, et que la victoire-éclair de mai 1940 est due uniquement à la supériorité de la stratégie allemande qui massa ses chars au lieu de les éparpiller. Au cours de la campagne de France l’intervention directe de Hitler ne se fit sentir qu’une seule fois ; par un ordre d’arrêt nullement motivé qui immobilisa les blindés de Guderian dans leur course à la mer et donna ainsi aux Anglais le répit nécessaire à l’évacuation de Dunkerque.
L’auteur nous décrit par le détail les six premiers mois de la campagne de Russie. Il insiste sur les responsabilités que prit Hitler en retardant, au profit d’une avancée sur l’Ukraine, la poussée décisive contre Moscou. Il raconte comment en décembre 1941, devant Moscou, il dut décider, de sa propre autorité, la retraite qui sauva ses troupes d’un anéantissement certain et comment cette initiative, prise malgré les ordres du Führer, lui coûta son commandement.
Chargé, après une disgrâce de deux ans, de réorganiser les forces blindées allemandes, Guderian assuma, après la conspiration du 20 juillet 1941, le poste de chef d’état-major. Là, il incite vainement Hitler à consentir aux replis stratégiques qui visaient à protéger l’Allemagne d’une invasion à l’Est. Il est frappé d’une seconde et définitive disgrâce en mars 1945.
La version française de ces Souvenirs constitue un document de premier ordre, non seulement pour les historiens de la Seconde Guerre mondiale, mais pour tous ceux qui refusent d’oublier la leçon de 1940. On peut y surprendre sur le vif les principes et les traditions qui animent l’état-major allemand, dont l’esprit conserve sa permanence à travers les vicissitudes de l’Histoire. ♦