L’évolution de la crise syrienne laisse voir une possibilité de rapprochement entre Moscou et les Occidentaux. Certes, les obstacles restent nombreux mais le besoin de réduire la menace de l’État islamiste est partagé et impose une révision des positions de chacun.
Moyen-Orient, un rendez-vous raté entre la Russie et l’Occident ?
Middle-East, a missed appointment between Russia and the West?
The evolution of the crisis of Syria indicates a possibility of rapprochement between Moscow and the Western countries. Indeed, there are numerous obstacles, but the need to reduce the threats of ISIS is universal and it requires everyone to review their positions.
Le Moyen-Orient reste un théâtre particulièrement révélateur de la teneur des relations entre la Russie et l’Occident. Terrain de compétition pour l’influence et les intérêts russes et occidentaux, le Moyen-Orient constitue également un champ pour la coopération russo-occidentale, comme la signature de l’accord sur le nucléaire iranien est venue le démontrer au mois de juillet 2015. L’action diplomatique de la Russie sur la scène moyen-orientale, caractérisée par sa proactivité et sa constance, vise à garantir les intérêts stratégiques et sécuritaires russes, tout en développant de nouvelles opportunités économiques, principalement dans le domaine énergétique et dans celui des ventes d’armements. La lutte contre l’État islamique et le processus de normalisation des relations entre Téhéran et les capitales occidentales ouvrent de nouvelles perspectives pour la diplomatie économique russe, tout en offrant des possibilités de confluences pour les relations entre la Russie et l’Occident.
La lutte contre l’État islamique : convergence d’objectif et stratégies divergentes
À la fin du mois de juillet 2015, le FSB, le Service fédéral de sécurité russe, a organisé une conférence à Iaroslav à laquelle ont été conviés les représentants des services de sécurité de près de 64 pays, afin de discuter des possibilités de coopération contre l’État islamique (EI) (1). L’expansion de l’EI au « Syrak » ouvre un champ de coopération entre Moscou et l’Occident, et un défi pour la Russie, dont près de 2 000 ressortissants combattraient dans les rangs des islamistes (2). La menace représentée par le retour de ces citoyens sur le sol russe, dans le Caucase ou en Asie centrale, est prise très au sérieux par le Kremlin qui a créé dès le mois de mars 2015 un poste de vice-ministre des Affaires étrangères délégué aux questions de lutte contre le terrorisme, un portefeuille qui est revenu à Oleg Siromolotov (3). Si Russes et Occidentaux s’accordent sur la menace que représente l’EI, de profondes divergences subsistent néanmoins entre eux quant à la stratégie à mettre en œuvre pour en venir à bout. Tandis que Moscou s’appuie depuis 2011 sur les acteurs étatiques (Bagdad, Damas) à qui elle fournit une assistance militaire substantielle, les Occidentaux privilégient une approche qui consiste à soutenir les tribus sunnites et les Kurdes en Irak, et l’opposition dite « modérée » en Syrie.
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