Mémoires. Idéal vécu
Sous ce titre, le général Weygand nous donne une série de souvenirs extrêmement précieux sur sa carrière depuis sa prime jeunesse : ses années de lycée à Vanves, à Louis-le-Grand, sa formation à Saint-Cyr et à Saumur et ses premiers régiments ; mais la partie la plus intéressante, du point de vue général, est celle qu’il consacre à la guerre de 1914 et qui, d’ailleurs, occupe plus de 500 pages de cet important ouvrage.
C’est en réalité l’histoire de huit années de collaboration avec Foch qui est évoquée par lui avec une modestie et un souci de l’objectivité qui lui font le plus grand honneur. Le Maréchal est la figure centrale de l’œuvre. Le général Weygand tient à détruire toutes les légendes qui ont couru à son propos et qui lui attribuent une part trop importante, à son gré, dans les décisions et comportements du grand homme de guerre. Sa collaboration lui fut sans doute utile, voire indispensable, mais il tient à lui laisser toute sa gloire. Elle apparaît dans mille et un traits charmants ; et nous voyons, par lui disséquée, pour ainsi dire, cette magnifique intelligence en mouvement, toujours au service de l’armée et de la France.
L’ouvrage est en même temps une véritable histoire vécue de toute la Première Guerre mondiale. On y voit défiler les personnalités françaises et étrangères les plus importantes et les plus diverses. Elles sont croquées avec netteté, souvent avec humour, jamais avec dureté. L’auteur met en pleine lumière les principaux collaborateurs des gouvernements qui se succédèrent et ses pages sur Clemenceau sont passionnantes.
Il est très discret, du reste, au sujet du maréchal Pétain sans toutefois celer que, au moment de la grande offensive de la fin de mai, sur le Chemin des Dames, qui semblait menacer Paris, celui-ci paraissait avoir succombé au pessimisme, ce qui, une fois de plus, provoqua l’intervention, passionnée et géniale, de Foch qui jamais ne désespéra.
Très intéressantes également sont les dernières pages sur l’offensive libératrice de Lorraine, sur l’armistice et la victoire. Le livre fournira, espérons-le, à des générations nombreuses de jeunes officiers, une inappréciable source d’études et de méditations. ♦