Savorgnan de Brazza
Après un résumé court mais bien documenté des diverses activités françaises pour s’implanter en Afrique depuis le XIVe siècle, M. René Maran en vient à l’histoire contemporaine et aux explorations réalisées généralement par des officiers de Marine français au cours de longues stations des navires français chargés d’empêcher la traite des esclaves. C’est là le commencement de la longue suite de randonnées de Savorgnan de Brazza. Italien d’origine, amoureux de la mer et explorateur né, entré au Borda [École navale] comme élève étranger, sa vocation se dessine au cours d’une station dans les mers du sud.
L’Ogoué (fleuve du Gabon) le tente et il veut le remonter plus haut que ses prédécesseurs et remplace ses faibles moyens par des qualités de diplomate. Grâce à ces qualités, il peut, à la deuxième mission qui lui est confiée, arriver jusqu’à un affluent du Congo. Obligé devant une hostilité absolue de faire demi-tour, il rentre à Paris où son renom le fait mander par le roi Léopold à Bruxelles. Ce monarque, qui a engagé Stanley, dépité de l’ingratitude des Anglais et des États-Unis, cherche à recourir à Brazza pour fonder un grand empire africain. Brazza discerne de suite le danger pour la France, il arrive à persuader quelques politiques, doté de moyens ridiculement faibles, arrive au Congo avant Stanley. Le poste qu’il installe sur le fleuve, bien que replié par la suite par ordre de Mizon sur des injonctions de Paris, marque malgré tout notre emprise. Rentré en France et après avoir convaincu l’opinion publique que la France doit s’installer au Congo, il est nommé commissaire général, et organise le pays.
Modèle de colonial qui a mis au point la « pénétration pacifique », Brazza a fait de grandes choses. Homme de devoir, et meurt à la peine et seulement à ce moment devient un grand homme.
Telle est la thèse de M. René Maran qui, exploitant à peu près tout ce qui a été écrit sur Brazza, a composé un livre d’un grand intérêt historique et qui peut servir de modèle et de guide moral aux jeunes qui veulent se lancer dans la vie coloniale. L’auteur fait de l’Afrique et de ses habitants un tableau tellement juste que les Africains retrouvent les populations et les paysages qu’ils ont vus ; ils croient encore entendre les tam-tam de guerre ou ceux qui président aux réjouissances. Comme l’a écrit la Comtesse de Brazza : « On respire l’Afrique dans le livre ». ♦