Le troisième Reich
Alors que la dictature hitlérienne n’a inspiré jusqu’ici que des mémoires et des essais, l’auteur, prétendant à la sérénité qui caractérise l’historien, s’élève au-dessus des jugements hâtifs, prononcés en pleine mêlée par les acteurs et les victimes tous en proie, assure-t-il, « à l’esprit de fanatisme et aux réactions sentimentales élémentaires ». C’est en tant qu’« habitant du monde » qu’il entend agir.
À titre de préambule, M. Daluces nous expose les répercussions du Traité de Versailles (1919) sur l’évolution de la politique allemande. Faisant sienne la position bien connue de Romain Rolland, il conteste la culpabilité du Reich en 1914 et, par suite, notre droit aux réparations. C’est la France « agressive et chauvine qui a créé le climat de guerre. »
La description de l’ascension hitlérienne, le portrait de son héros, l’analyse de l’édifice nazi constituent par contre des études claires et vivantes. À la suite de ces dernières, l’auteur entreprend l’exposé des événements. Après l’occupation de la rive gauche du Rhin, l’Anschluss et Munich, « simples et légitimes étapes d’un regroupement ethnique », survient la liquidation de la Tchécoslovaquie. Certes, le protectorat ne répond peut-être pas aux vœux de sa population, il n’en est pas moins légitime, car il répond aux droits de la force. Celle-ci, comme chacun sait, constitue « la souche et le fondement de toute espèce de droit ». Leitmotiv aux multiples et amples variations.
La vigueur de ce néo-nietzschéisme trouvera d’ardents adeptes entre le Rhin et le 38e parallèle, et même en deçà, hélas. ♦